à propos de

In memoriam 
[aux quarante-huit enfants juifs déportés de l’école Vicq d’Azir
à Paris 10e]

2018-2019

l'installation "Targets (hommage à Jasper Johns)" vue d'ensemble

 




"In Memoriam" a reçu le Prix Desjardins de la 12e Biennale internationale d'estampe contemporaine de Trois-Rivières (BIECTR) au Québec (2021)

 

La Journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah se tient chaque année le 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. À cette occasion, lors d’une commémoration à l’école polyvalente Vicq d’Azir, dans le 10e arr. de Paris, dans laquelle il a travaillé comme professeur d’arts plastiques pendant neuf ans, Éric Fourmestraux a été profondément touché à la lecture des noms, prénoms et âges des 48 enfants juifs déportés de cette école, par un de leurs anciens camarades du quartier encore vivant, Pierre Degenszajn, né le 11 janvier 1931. Depuis ce jour, Éric Fourmestraux n’a cessé de penser qu’il leur rendrait hommage un jour, au-delà du cadre scolaire, au moyen de ce médium qu’est la gravure, sous la forme d’une installation. Un projet d’exposition à La Celle-Saint-Cloud par l’association Graver Maintenant, dont il est membre du conseil d’administration, en a été le déclencheur. L’injonction « Ne les oublions jamais » au pied de la plaque commémorative a été prise au pied de la lettre. L’oeuvre In memoriam [aux quarante-huit enfants juifs déportés de l’école Vicq d’Azir à Paris 10e] a été présentée pour la première fois dans l’exposition La taille d'épargne : métamorphose du vide, à La Celle- Saint-Cloud exposition du 19 janvier au 17 février 2019.

La plaque porte inlassablement sa robe noire brillante, agrémentée d’une parure de lettres dorées qui parsèment tout son corps. Pourtant, chaque jour de la semaine, chaque jour de l’année scolaire, quelques centaines d’élèves passent innocemment devant elle, sans même la regarder. Alors une fois l’an, autour du 27 janvier, Pierre Degenszajn se fait un devoir de revenir à l’école Vicq d’Azir. Il soulève le voile sombre de l’histoire et égrène un à un les noms et les âges formés par les lettres et les chiffres, dont certains lui rappellent, sa cousine, une amie… Dès lors, sa voix résonne en moi et je décide de dessiner, un jour, les six cent cinquante-huit lettres des quarante-huit prénoms et noms. Sur quarante-huit cintres passés. Repasser le passé. Redonner corps à ces âmes anéanties. J’approche la gouge au plus près du tracé du nom de ces enfants déportés entre 1942 et 1944. Le plus jeune a deux ans. Cette fois les épargner. Tailler dans le bois comme dans le vif du sujet . En faisant se rehausser ce souvenir de l’horreur. Conserver le moindre copeau, la moindre poussière, qui en se soustrayant a révélé un nom. Graver pour épargner. Graver pour ré-imprimer, pour ré-écrire leur nom. Encore et encore. Leur redonner corps pour sortir de l’école. Sortir du cadre noir de la plaque commémorative. Sortir du Mémorial de la Shoah. Retrouver la lumière. Exposer au grand jour. Avec en résonance les voix de Pierre Degenszajn, et d’élèves de l’école, aujourd’hui. S’exposer. Ici et là. Pour ne pas les oublier.


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Un portant métallique sur lequel sont suspendus quarante-deux cintres. Six autres sont suspendus face à nous. Les cintres sont gravés, révélant le prénom et le nom de chaque enfant de l'école parisienne, déporté entre 1942 et 1944. Ils sont ensuite imprimés en taille d'épargne, et les impressions "flottent" comme de petits vêtements blancs, qu'aucun enfant ne viendra revêtir, comme des nuages, passant, dans le ciel de l'Histoire, comme autant de fantômes, coincés dans leur tragédie, comme une lettre, écrite mais jamais expédiée, par tous ceux qui auraient eu tant à dire, tant à taire... Les résidus de bois des cintres gravés (à la main) se retrouvent dans des tubes à essai, au-dessus des portants métalliques. La bande-son égrène, avec la voix de Pierre Degenszajn (rescapé), la liste des élèves déportés, leur âge respectif. Parfois une anecdote. Les visiteurs qui passent de loin en proche, près de In Memoriam [aux quarante-huit enfants juifs déportés de l’école Vicq d’Azir à Paris 10e], provoquent une légère brise, qui donne "vie" à l'installation, les pages blanches se mettent alors à osciller, à se toucher parfois. L'art redonne vie... La poésie qui émane de ce témoignage poignant et touchant, de l’irréparable, par son dispositif plus particulièrement, lui confère un accès à un public de tout âge.
Catherine Ghodsy




Les voix de Pierre Degenszajn 87 ans, Yal Rey 11 ans et Myriam Anselme 9 ans, égrainent un à un les prénoms, noms et âges des enfants juifs déportés de l'école Vicq d'Azir. Elles entrent en résonnance, créant ce lien indispensable entre cette période de l'Histoire, tragique, et la lumière étincelante de la jeunesse actuelle, à qui il est donné la possibilité de nous faire réver à un avenir meilleur.












 
lien vers l'installation "In Memoriam" vue d'ensembleespace blancespace blanc
lien vers l'installation "In Memoriam" vue des cintres et des éprouvettes
lien vers l'installation "In Memoriam" vue des éprouvettes
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